Fraternité Citoyenne

J'ACCUSE texte de Clément WITTMANN

Clément WITTMANN a été candidat écologiste aux élections présidentielles de 2012, il n'a pas réussi à réunir les 500 parrainages indispensables pour être effectivement candidat au 1er tour. Il a obtenu 160 promesses de parrainages.

En 1996, Albert JACQUARD publiait un ouvrage remarquable ; « J’accuse l’économie triomphante  ». Une petite vingtaine d’années plus tard, ce livre est toujours d’actualité. Jamais l’économie n’a été aussi triomphante. Sur toute la planète, l’Homo sapiens se comporte en bourreau de la nature.

Dans son remarquable ouvrage paru en 2006, « L’humanité disparaîtra bon débarras », le philosophe et naturaliste, Yves PACCALET écrit « J’ai cru en l’homme. Je n’y crois plus. J’ai eu foi dans l’humanité : c’est fini. J’ai pensé, dit et écrit que mon espèce avait un avenir. J’ai tenté de m’en persuader. Je suis maintenant sûr du contraire : l’humanité n’a nul destin. Ni lendemain qui chante, ni surlendemain qui fredonne. No future :elle comme une droguée avide et dejantée, esclave des biens matériels, en souffrance de consommation, asservie à ce qu’elle imagine être la croissance ou le progrés, et qui sera sa perte. Si elle ne s’autodétruit pas dans une guerre atomique… »

Naturaliste moi-même, je rejoints Yves PACCALET lorsqu’il écrit « Je continue le combat pour la planète et pour l’homme sans la moindre perspective de succès. Nous fonçons vers le précipice en nous réjouissant de notre vitesse prodigieuse que nous nommons croissance  ».

Nous avons collectivement choisi le chemin de la barbarie. Pour notre confort, pour notre mode de vie, pour notre développement, nous avons pillé des pays entiers, torturé des peuples, tué des millions de nos semblables. Pour garantir notre accès à l’uranium, au pétrole, nous avons assassiné des chefs d’Etat (François Xavier Verschave « Noir Chirac », « Noir Silence », « Au mépris des peuples » ).

« Nous sommes des « salauds au sens sartrien du terme : nous accomplissons nos mauvaises actions en toute liberté ; en ayant conscience du mal que nous faisons  »(Y. Paccalet). Sur toute la planète nous nous comportons collectivement en bourreaux, en barbare. Nous avons décidé de ne laisser aucune chance de survie à la planète. Nous préférons la voir crever que de renoncer à nos privilèges. Un monstrueux génocide est en cours, dans le silence le plus total. Un nombre croissant d’humains sont privés d’eau potable, de nourriture, d’énergie, de maison, d’hygiène, en un mot : de dignité. Nous appelons cela le « progrès » (Y Paccalet).

L’éthologie nous enseigne que, comme tout être vivant (de l’amibe au chêne, de la crevette au gorille ), l’Homo Sapiens obéit à trois pulsions principales : le sexe, le territoire et la hiérarchie. C’est au territoire et à la hiérarchie que je me réfère lorsque j’évoque notre côté nazi. Car elles forment la base avouée de la doctrine fasciste. Tous les moyens sont légitimes pour assurer le triomphe de « l’élite humaine » : l’économie, la politique, la diplomatie, le sport, la propagande, la culture, mais surtout le fusil, le panzer, le bombardier, le croiseur et la fusée V2 ; sans oublier le four crématoire (Y Pacccalet).

 

De nombreux experts ont publiés de nombreux rapports qui nous informent de la fin prochaine des ressources ( Richard Heinberg « Pétrole : la fête est finie ! »,Philippe BIHOUIX « Quel futur pour les métaux  ». Nous ignorons leurs travaux. Tête baissée nous fonçons vers le suicide écologique, encore nommé « écocide ». La secte de la croissance injecte son venin dans toutes les économies du monde. Nous nous déclarons en démocratie, alors que c’est la fascisme économique qui règne (cf John Berger « Dans l’entre-temps, réflexions sur le fascisme économique »). J’aimerais rappeler ici qu’après la guerre, les collaborateurs de Goebbels se reconvertirent naturellement dans la publicité. Goebbels s’était lui-même inspiré de la publicité de son époque. Nous vivons sous le règne du solipsisme.

Nous le savons tous, aussi, la question de la souveraineté alimentaire va se poser à très court terme. Accélérer l’artificialisation des terres (30 m² par seconde en France, soit 230 hectare par jour), c’est s’orienter vers des famines à très court terme.

Pouvons laisser notre avenir entre les mains d’une caste (politique, économique, médiatique) totalement irresponsable ? Le mépris du peuple par le monde politique s’exprime dans tous les domaines de la vie quotidienne. Ainsi le choix fait par les pouvoirs publics (droite et gauche) de privilégier le TGV comme mode de déplacement ferroviaire est totalement irresponsable. A l’empreinte écologique considérable de la grande vitesse (énergie, emprise foncière), s’ajoute un coût financier pharaonique. La course à la grande vitesse s’avère ruineuse. De 28 500 000 000 d’euros fin 2010, la dette de Réseaux Ferré de France est passée à 32 000 000 000 d’euros en 2012, et devrait atteindre la somme vertigineuse de 60 000 000 000 d’euros en 2020 (Marc Fressoz « Faillite à Grande Vitesse »).

En 1972 déjà, des scientifiques, des économistes, des sociologues alertaient l’opinion sur le caractère suicidaire du concept économique de croissance. Ils n’ont bien évidemment jamais été entendu. Pour le scientifique canadien, David SUZUKI faire l’apologie de la croissance relève du crime contre l’humanité. C’est un point de vue que je partage totalement.

J’accuse donc de crime contre l’humanité, les forces politiques (PS, UMP, FN, EELV…), les forces économiques, ainsi que le monde des médias, au service de cette propagande mortifère.

La désinformation, la manipulation, le mensonge ou l’omission sont des constantes dans le monde médiatique. Un seul exemple ; en août 1996, pendant l’occupation de l’église Saint Bernard à Paris, les médias ont réussi l’exploit de couvrir le sujet pendant un mois sans jamais aborder le fond du problème, pourquoi les sans papiers maliens présents dans cette église doivent ils quitter leurs pays ? Pourquoi se jettent-ils dans l’exode douloureux des sans- papiers ? Pourquoi sont ils obligés de quitter une région (Sadiola) au sous-sol gorgé d’or ? (L’or africain – Pillages, trafics et commerce international. Gilles Labarthe éditions Agone).

Dans l’imaginaire collectif, le délinquant est représenté par une individu auteur d’un délit, d’un crime, d’une infraction. Or qui sont les véritables délinquants ? Assurément pas ceux qui nous sont présentés par les médias dominants. Ainsi Pierre Messmer, grand croix de la légion d’honneur, n’est il pas un délinquant ? C’est sous sa direction, que dans les années 1956-1958, des dizaines de villages du Cameroun ont été rasés, d’autres bombardés. Des villageois trouvés à leurs domicile sont torturés, pillés, arbitrairement arrêtés et conduits aux camps de torture de Botmakak, Dihang, Matomb, Mba Nkongé… (Fanny Pigeaud « Au Cameroun de Paul Biya  »).

Gregory PAGE, un délinquant ? Gregory PAGE est le patron de la puissante multinationale agroalimentaire Cargill. En 2008, année de la grande sécheresse et des émeutes de la faim, les bateaux Cargill attendaient encore la montée de prix pour décharger leurs cargaisons dans les ports africains… . A noter aussi que les importations massives de « poulets Cargill  » ont entrainé des milliers d’éleveurs camerounais dans la misère.

Bibliographie :

Albert JACQUARD, L’équation du nénuphar

Yves PACCALET, L’humanité disparaîtra, bon débarras

Marc FRESSOZ, Faillite à Grande Vitesse, 30 ans de TGV

Gilles LABARTHE, L’or africain, Pillages, trafics et commerce internationale

Fanny PIGEAUD, Au Cameroun de Paul Biya

Jean ZIEGLER, Destruction Massive, Géopolitique de la Faim

François Xavier VERSCHAVE, Noir Chirac

Richard HEINBERG, Pétrole : la fête est finie

Franz BROSWIMMER, Une brève histoire de l’extinction en Masse des espèces.



09/12/2013
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