Fraternité Citoyenne

L’écologie politique n’appartient pas à Europe Ecologie

Durant la campagne présidentielle de 1974, la vieille gauche rabâche ses vieilles recettes face à la jeune droite qu’incarne Giscard : deux discours aussi usés l’un que l’autre. Un homme au pull-over rouge se présente il porte le drapeau de l’écologie. Késako ? Le mérite revient à René Dumont d’avoir le premier lié question sociale et problèmes environnementaux. Non, il ne suffit pas de se battre pour plus de justice entre les peuples, entre les hommes ; il faut aussi, d’un même mouvement, économiser les ressources naturelles, protéger la planète du pillage organisé. L’homme ne peut survivre sans son écosystème et nous devons sortir de la vieille illusion scientiste qui s’imagine trouver des solutions à tout. O.K., vive la science, vive la technique, mais attention ! au rythme ou ça va, les habitants de notre bonne vieille terre risque de crever. Intense rigolade à l’époque. Ces écolos, quand même ils veulent revenir au temps de la chandelle et de la marine à voile. Il faudra quelques incidents nucléaires, les pluies acides, Bhopal, les boues rouges et quelques autres catastrophes pour que l’on commence à rigoler un peu moins fort !

 

Aujourd’hui, on ne rigole plus du tout et tout le monde tente de récupérer le discours écolo.

Le règne de l’argent ne cesse d’accroître les inégalités. L’épuisement des ressources naturelles se fait au dépens des pauvres d’aujourd’hui et des générations futures. Sans réformes profondes de l’économie, l’humanité va à sa perte. Tel est le constat de l’écologie politique. Le jeu du marché sait bien mieux organiser la production que ne le faisait les pays du socialisme réel, d’où, entre autres, son effondrement. Mais, désormais, nous avons trop de marchandises et on peut donc poser la question de l’opportunité de la croissance. Car, on le sait, cette croissance ne multiplie plus l’emploi et comme dans les années 30, on gaspille et on détruit les excédents. Mais, s’il sait produire, le libéralisme ne sait nullement répartir correctement ni le travail, ni les richesses. Alors dire que l’écologie peut se marier avec le capitalisme sous prétexte que le socialisme réel est mort parce qu’il était moins performant en terme de production de marchandises, c’est nier la base même du paradigme de l’écologie politique. Depuis deux siècles, l’idéologie de la croissance économique porte les hommes à affirmer leur volonté de puissance aux dépens de la nature.

 

Dans « L’utopie ou la mort » paru en 1974, Dumont est fondamentalement socialiste, il dresse le bilan écologique de la terre en se focalisant sur le problème des limites matérielles à la croissance dans le droit-fil du rapport au Club de Rome, il dit les riches des pays riches sont responsables. L’économie de profit est incapable d’arrêter la croissance. Le marché ignore les pauvres et les infrastructures. Lorsque l’on scrute avec attention le discours de certain leaders d’Europe Ecologie et en particulier celui de M. Cohn-Bendit on peut franchement se poser la question si la culture politique écologiste n’est pas plus présente au Front de Gauche avec des groupes politiques comme le notre que chez Europe Ecologie.

 

Fraternité Citoyenne est fondamentalement de culture écologiste. René Dumont est pour nous, écologistes français, une des principales références et il suffit de lire ou de relire ses ouvrages pour constater que M. Cohn-Bendit est loin d’en être un digne représentant. En clair, l’écologie politique est inconciliable avec la vision du « tout marché » et l’Europe que défend ce Monsieur c’est l’Europe des banques et de L'article 104 du Traité de Maastricht.

Pour les véritables écologistes, il ne s’agit pas de repeindre le capitalisme en vert. D’autre part, comme le dit le journaliste M. Kempf, dans son livre : « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », l’écologie est incompatible avec le capitalisme. Les écologistes qui prétendent qu’il est possible de concilier les deux sont des escrocs intellectuels. Quoi qu’il en soit, l’écologie politique est un nouveau paradigme qui prend ses racines dans les deux siècles de contestation de ceux qui n’ont que leur force de travail face à ceux qui détiennent les moyens de production, d’échange (la monnaie) et de propagande (la presse). Ensuite, viennent les différents idéologiques avec les 100 % marxiste (PCF, PG, NPA…) comme le productivisme et la croyance au matérialisme scientiste.

 

Au delà de leur succès électoral aux élections européennes, les militants du parti « Les Vert » ne pourront pas éviter éternellement de se poser cette question fondamentale : leur parti doit-il continuer à être l’alibi environnemental du PS en négociant un certain nombre de circonscription « gagnable » pour quelques arrivistes de la politique ou vont-il choisir de rejoindre le Front de Gauche afin de nous aider à développer ce rapport de force avec le PS indispensable pour faire avancer notre projet de société véritablement alternatif au capitalisme ?

 

Quant à ceux qui pensent que l’écologie n’est ni de gauche ni de droite, ils font preuve d’un manque de culture politique. La droite ce sont les gens qui défendent l’ordre établi. L'origine historique du clivage se trouve dans un vote ayant eu lieu en France à l’assemblée nationale en août 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de «patriotes» (majoritairement le Tiers état). Depuis lors, les défenseurs du peuple et de l’intérêt général sont par définition à gauche. Aujourd’hui, le capitalisme c’est l’ordre établi. Il n’est plus à démontrer que l’écologie politique est incompatible avec le capitalisme. Par conséquent l’écologie est de gauche (cqfd). Maintenant, dire que parmi les pires catastrophes écologiques il y en a eu un bon nombre dans les pays de l’ex bloc de l’est, est une vérité qui n’enlève rien à la démonstration ci-dessus.

 

Quant à la frontière idéologique entre le PS et les laudateurs du capitalisme elle semble de plus en plus mince. Malheureusement, les sociaux démocrates passent leur temps à nous démontrer qu’ils sont ou qu’ils seront de meilleurs gestionnaires du capitalisme que ceux qui l’ont inventé. Mais, ils n’ont aucunement l’intention de proposer une solution de remplacement à ce système stupide, absurde et violent ; ils proposent simplement de l’adoucir de « mesurettes » sociales et environnementales.



05/03/2012
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