Texte 2 du Mouvement pour une monnaie démocratique (France)
La plupart d'entre nous croient que la monnaie est matérielle (adossée à la possession de stocks d'or ou d'argent), qu'elle a une valeur propre (rareté de ces métaux). Pour cette raison nous croyons que la monnaie est rare et peut manquer et qu'il faut alors l'emprunter à ceux qui en détiennent contre le versement d'un intérêt.
Eh bien non, c'est faux ! Depuis le 15 août 1971, la monnaie dans le monde est totalement dématérialisée. Ce ne sont plus que des signes électroniques sans aucune valeur intrinsèque, créés par la seule volonté humaine et dans une quantité également décidé par les hommes.
Mais alors pourquoi sommes-nous endettés et contraints à l'austérité?
Pour comprendre cela il faut considérer le processus de création monétaire. La monnaie se crée par un simple jeu d'écriture comptable. Il faut d'un côté un emprunteur, et de l'autre une offre de monnaie faite par un organisme « créateur » de monnaie. Or c'est là que le bâts blesse! Qui doit créer la monnaie ? Public ou privé?
Si la monnaie est créée par un organisme public comme la banque de France ou la B.C. E., la monnaie est propriété publique. Elle peut le faire sur des critères de "bien commun" définis au cours d'un débat public normal en démocratie. Mais surtout elle peut le faire gratuitement, sauf à demander des intérêts dans le but de réguler la masse monétaire. Elle peut aussi décider de l'émettre sans obligation de remboursement.
Si la monnaie est créée par un organisme privé comme une banque commerciale, la monnaie est alors prêtée à la société civile, comme si la banque la possédait, selon des critères de rentabilité et de solvabilité et avec des intérêts qui parfois dépassent le montant du capital emprunté, ceci pour le seul profit des actionnaires.
Qui est légitime? Public ou privé?
La richesse est-elle dans la monnaie? Non! Si vous avez des millions mais mourez de soif au cœur du désert vous comprendrez qu'elle est dans l'eau. La véritable richesse est celle contenue et produite par la Terre, valorisée par l'activité humaine. La monnaie n'est qu'un signe symbolique permettant d'attribuer une valeur et d'échanger les biens et services produits par les êtres humains. Il appartient donc de droit à la collectivité de mettre en circulation en son sein la quantité de monnaie permettant la production et le partage du fruit de l'activité de chacun de ses membres.
Comme un défi au bon sens et à la faveur de l'obscurantisme ambiant, c'est au système bancaire privé qu'a été abandonné ce pouvoir par les dirigeants politiques mondiaux, a l'issue d'un long bras de fer qui se perd dans l'histoire mais qui s'inscrit dans la nôtre sous la forme de l'article 123 du Traité de Lisbonne et qui conduit nos pays a devoir se plier aux exigences des « investisseurs » dont nous n'aurions jamais dû avoir besoin.
Non seulement l'illégitimité de cette situation place les peuples sous une nouvelle forme d'asservissement, cause d'infinies souffrances, mais interdit au nom de la dette et du manque de monnaie de relever l'urgence des défis écologiques et sociaux qui nécessiteraient l'ouverture de vastes chantiers de transition vers une société d'abondance pour tous et de respect de notre seul réel capital : notre biosphère.
Le fait que nos dirigeants ait abandonné la création monétaire aux banques privées constitue une trahison abominable qui a amené à cette aberration que 70% des sommes empruntées correspondent aux seuls intérêts versés aux investisseurs dont nous n'avons fondamentalement nul besoin. Ce faisant ils font des peuples les serviteurs des banquiers et foulent au pied toute incarnation de la démocratie.
Nous, signataires de ce manifeste, refusons l'idéologie imposée par l'oligarchie politico-financière qui ne vise qu'à maintenir le pouvoir politique et le pouvoir monétaire entre les mains de quelques uns au détriment de tous. Nous réclamons au nom de la légitimité la reprise exclusive du pouvoir de création monétaire par le public, sous mandat et contrôle démocratique. Un dizaine de lignes de texte de loi nous l'ont ôté, une dizaine de lignes de texte peuvent nous le rendre. A l'asservissement et à l'austérité nous répondons : pouvoir démocratique au service d'un monde de suffisance et d'équité pour tous dans le respect de ce que la Terre peut soutenir.
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